Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même. Il eut un soupir de regret et se dit encore: -Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux… Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures! allumeur de réverbère (Brassai 1933) éteigneur de réverbère; Dessin de Derain illustration extraite de l'ouvrage de Defrance (1904): candélabre par M. Oudry Cliquez sur les vignettes pour les agrandir…
Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman. Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même. Il eut un soupir de regret et se dit encore: - Celui-là est le seul dont j'eusse pu faire mon ami. Mais sa planète est vraiment trop petite. Il n'y a pas de place pour deux... Ce que le petit prince n'osait pas s'avouer, c'est qu'il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures!
Ca fait déjà un mois que nous parlons ensemble. -Un mois? -Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir. Et il ralluma son réverbère. Le petit prince le regarda et il aima cet allumeur qui était si fidèle à sa consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami: -Tu sais… je connais un moyen de te reposer quand tu voudras… -Je veux toujours, dit l'allumeur. Car on peut être, à la fois, fidèle et paresseux. Le petit prince poursuivit: -Ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n'as qu'à marcher lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras… et le jour durera aussi longtemps que tu voudras. -Ca ne m'avance pas à grand chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir. -Ce n'est pas de chance, dit le petit prince. -Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour. Celui-là, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-là serait méprisé par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman.
�a fait d�j� un mois que nous parlons ensemble. - Un mois? Oui. Trente minutes. Trente jours! Bonsoir. Et il ralluma son r�verb�re. Le petit prince le regarda et aima cet allumeur qui �tait tellement fid�le � la consigne. Il se souvint des couchers de soleil que lui-m�me allait autrefois chercher, en tirant sa chaise. Il voulut aider son ami: - Tu sais... je connais un moyen de te reposer quand tu voudras... - Je veux toujours, dit l'allumeur. Car on peut �tre, � la fois, fid�le et paresseux. Le petit prince poursuivit: - Ta plan�te est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjamb�es. Tu n'as qu'� marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras... et le jour durera aussi longtemps que tu voudras. - �a ne m'avance pas � grand-chose, dit l'allumeur. Ce que j'aime dans la vie, c'est dormir. - Ce n'est pas de chance, dit le petit prince. - Ce n'est pas de chance, dit l'allumeur. Bonjour. "Celui-l�, se dit le petit prince, tandis qu'il poursuivait plus loin son voyage, celui-l� serait m�pris� par tous les autres, par le roi, par le vaniteux, par le buveur, par le businessman.
Chapitre XIV La cinqui�me plan�te �tait tr�s curieuse. C'�tait la plus petite de toutes. Il y avait l� juste assez de place pour loger un r�verb�re et un allumeur de r�verb�res. Le petit prince ne parvenait pas � s'expliquer � quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une plan�te sans maison, ni population, un r�verb�re et un allumeur de r�verb�res. Cependant il se dit en lui-m�me: "Peut-�tre bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son r�verb�re, c'est comme s'il faisait na�tre une �toile de plus, ou une fleur. Quand il �teint son r�verb�re, �a endort la fleur ou l'�toile. C'est une occupation tr�s jolie. C'est v�ritablement utile puisque c'est joli. " Lorsqu'il aborda la plan�te il salua respectueusement l'allumeur: - Bonjour. Pourquoi viens-tu d'�teindre ton r�verb�re? - C'est la consigne, r�pondit l'allumeur. Bonjour. - Qu'est-ce que la consigne?